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La seconde gEnEration EN FRANCE: une gEnEration sans racines

Second Generation Immigrants in France: a Generation Without Roots

ALEXANDRA RUSSILLO CARAMAN

abstract

During the Fall semester of 2020 for my French Studies major I did an independent research study. The topic of the research paper focuses on the second generation in France. It analyzes its reality through the novels written by Faïza Guène who is a second generation French writer herself. Faïza Guène shows the reality of the so called “banlieues” (outskirts of French cities) mostly populated by immigrant families. The writer’s novels are based on her life experiences and of those of the people she grew up with. My research has mainly focused on how her novels portray the French second generation as a generation that does not feel rooted neither in France, nor in their families’ countries of origin. Finally, besides analyzing the main hardships of these young French who try so hard to feel integrated in the French society, the paper also discusses the hopes of a better future.

Introduction

Faïza Guène est une écrivaine française d’origine algérienne. Elle est née à Bobigny qui est une commune de la banlieue nord-est de Paris, précisément à Seine-Saint-Denis, et elle a grandi dans la ville de Pantin qui se trouve juste à côté de Bobigny. Ses parents sont tous les deux Algériens et ont immigré en France, donc Faïza connaît très bien les difficultés des banlieusards et des immigrés en général (Dendeoune). Mais Guène sait bien surtout ce que c’est d’appartenir à la deuxième génération issue de l’immigration en France. Elle nous présente la réalité de cette deuxième génération en ajoutant sa propre perspective à ce que nous savons sur la banlieue et ses habitants. En effet, ses romans Kiffe kiffe demain (2004), Du rêve pour les oufs (2006) et Un homme ça ne pleure pas (2014), nous donnent une vision réaliste de la banlieue et des gens qu’y habitent. L’écrivaine base ses histoires sur ce qu’elle a vécu en grandissant dans la banlieue parisienne. Donc son point de vue n’est pas caractérisé par les stéréotypes typiques qui sont communément utilisés quand on parle des banlieues et des immigrés. Dans cette dissertation on va faire une analyse thématique de ces trois romans de Faïza Guène en réfléchissant sur cette seconde génération française et pourquoi cette génération se sent souvent sans racines et sans beaucoup d’espoirs dans un pays qu’ils considèrent leur pays natal, la France.

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Mais avant d’analyser ces romans d’une façon plus détaillée, on doit examiner qui sont les individus appartenant à cette “seconde génération” française et décrire leur situation en France. La seconde génération est constituée de toutes les personnes nées en France de parents immigrés. Le phénomène est surtout lié aux immigrés maghrébins qui sont les immigrés les plus nombreux en France. En effet, l’histoire de beaucoup d’immigrés en France est liée à l’histoire coloniale française. La France a colonisé l’Afrique du nord, parmi d’autres pays africains, donc il y a eu une grande immigration maghrébine, surtout algérienne, après la deuxième guerre mondiale dans les années cinquante. En plus, après l’indépendance d’Algérie à la fin d’une longue guerre sanglante en 1962, beaucoup d’Algériens ont décidé de quitter l’Algérie pour aller vivre en France. Après la suspension de l’immigration économique en 1974, le gouvernement français a autorisé le regroupement familial, c’est à dire tous les étrangers qui se trouvaient en France pour travailler pouvaient amener leur familles pour les rejoindre en France. Donc beaucoup de femmes on rejoint leurs maris en France avec leurs enfants et elles ont eu d’ autres enfants dans les années qu’ont suivi. Ces enfants font parti de la seconde génération. Mais, même si ces enfants sont nés et ont grandi en France, car ils sont nés de parents étrangers, ils ne peuvent qu’acquérir la nationalité française à l’âge de18 ans et si à cette date ils vivent en France et ont vécu en France pendant une période continuelle d’au moins 5 ans depuis l’âge de 11 ans (De Wenden 4-5).

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Souvent, la seconde génération se sent sans racines parce qu’ils n’ont pas beaucoup de liaisons avec leur pays d’origine, et, en même temps, parce qu’ils sont considérés des étrangers dans leur pays adoptif. C’est à dire, la vie de ces Français issue de l’immigration n’est pas facile parce qu’ils doivent démontrer chaque jour qu’ils font partie légitime de la société française. La plupart veut s’intégrer dans la société française qu’ils considèrent leur pays, mais il y a beaucoup de difficultés. Ils ne veulent pas vivre dans les mêmes conditions de leur parents, mais ce n’est pas si facile parce que la société française n’est pas toujours accueillante. La France n’est pas bien préparée à intégrer ces jeunes de la seconde génération. En effet, beaucoup de Français les jugent sans les connaitre parce que ces jeunes issus de l’immigration habitent dans les banlieues qui sont associées à la violence et au crime (Peralva). À travers des trois romans de Faïza Guène on va analyser les difficultés auxquelles cette deuxième génération fait face tous les jours pour s’intégrer dans la société française.

KIFFE KIFFE DEMAIN

Dans Kiffe Kiffe Demain, Guène nous raconte l’histoire de Doria, une jeune fille de 15 ans d’origine marocaine qui vit toute seule avec sa mère dans la cité de Livry Gargan - banlieue parisienne. Doria nous raconte que son père a quitté la famille pour retourner au Maroc avec le but d’ épouser une autre femme plus jeune et féconde. En effet, Doria nous explique dans le livre que le père a toujours voulu un fils, mais la mère n’a pas pu la lui donner. (Kiffe Kiffe Demain 35). Doria est une adolescente très intelligente qui voudrait changer son destin. Elle n’aime pas sa vie dans la cité parce qu’elle se rend compte qu’il n’y a pas beaucoup de possibilités pour elle là-bas. La banlieue est plutôt un lieu qui limite les immigrés et les jeunes de la deuxième generation, en les excluant du reste de la société française. Elle sait ce qu’elle ne veut pas et nous dit “ En tout cas, j’ai pas envie de me retrouver derrière la caisse d’un fast food” (Kiffe Kiffe Demain 24). Doria a beaucoup de rêves et son rêve le plus grand est partir et visiter tous les endroits les plus beaux du monde, même si son point de départ c’est Livry-Gargan (Kiffe Kiffe Demain 73).

Pour échapper à la réalité de la banlieue, Doria regarde beaucoup de séries télévisées et lit beaucoup de livres. Elle connaît bien le cinéma et les séries américains et rêve d'avoir un jour une vie similaire à celles de ses films et séries préférés. Dans le livre elle nous montre les difficultés de sa vie en décrivant ses journées: on voit ses difficultés, par exemple, à travers des visites des assistantes sociales et psychologues que Doria décrit plusieurs fois. Doria ne les aime pas particulièrement parce qu’elle se rend compte qu’ils les traitent avec de la pitié. (Kiffe Kiffe Demain 18). En plus, Doria parle beaucoup du thème de l’intégration. En effet, elle ne se sent pas complètement acceptée par la société française, même si elle est née et a passé toute sa vie en France. Une des injustices dont Doria parle dans le livre est liée au choix des écoles. Même si Doria est très intelligente, le système d’education français la force de faire des études professionnelles, pour suivre une formation pour devenir coiffeuse, parce qu’il n’y a assez de places pour qu’elle redouble l’année scolaire et donc son conseiller trouve une place pour elle dans un lycée professionnel pas trop loin de sa maison (Kiffe Kiffe Demain 108).

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Doria affronte le thème de la marginalization sociale et nous dit “Il y a quand même une séparation bien marquée entre la cité du paradis où j’habite et la zone pavillonnaire Rousseau... Pire que la ligne Maginot ou le mur de Berlin” (Kiffe Kiffe Demain 90). Donc, elle compare la séparation entre la banlieue et le reste de la ville de Paris au mur du Berlin qui divisait la ville de Berlin entre l’Allemagne de l’est et de l’ouest et à la ligne Maginot créée dans les années 30 pour prévenir l’invasion de la France par l’Allemagne, pour souligner l’isolation des banlieusards qui sont exclus et qui se sentent come s’ils ne vivaient pas à Paris, mais dans une ville complètement différente.

Donc, en représentant la deuxième generation française, Doria voudrait se révolter contre les injustices qu’elle vit dans son quotidien. Mais, sa révolution est une révolution pacifique et intelligente qui va se manifester à travers les mots (le meilleur moyen pour elle). En effet dans la dernière page du roman elle nous dit: “ Ce sera une révolte intelligente, sans aucune violence, où on se soulèvera pour être reconnus, tous.” (Kiffe Kiffe Demain 189). Ce que Doria nous montre est que les banlieusards ne sont pas tous violents, contrairement à ce que beaucoup de Français pensent. Avec Kiffe Kiffe Demain, Faïza Guène nous montre un côté différent de la deuxième génération française. C’est à dire, on voit une jeune française issue de l’immigration qui réfléchit sur les injustices sociales dont elle est victime, mais auxquelles elle ne veut pas répondre avec de la violence. Elle est très intelligente et profonde et peut être beaucoup plus mûre que la plupart de jeunes de son âge. Doria nous montre que, contrairement aux préjugés, ce n’est pas toujours la deuxième génération française qui ne veut pas s’intégrer dans la société, quelquefois c’est la société française même qui les exclut et rend l’intégration plus difficile.

Du rEve pour les oEufs

Le protagoniste du roman Du rêve pour les oufs souffre de la même sorte d’alinénation que subit Dora. Ici, Faïza Guène nous raconte l’histoire d’Ahlème, une jeune fille qui a 24 ans, née en Algérie, mais qui habite dans la cité d’Ivry, une banlieue parisienne. Elle vit avec son père qu’elle appelle “le patron” et son petit frère de 13 ans Foued. Elle avait dix ou onze ans quand elle a perdu sa mère et son père a quitté l’Algérie avec elle et Foued qui était un petit bébé. Dans ce livre Ahlème nous raconte ses difficultés personnelles et dès la première page du livre elle nous dit : “Je m’appelle Ahlème et je marche au milieu des gens et je vois mes frères qui, comme moi, ont très froid. Ceux-là, je les reconnais toujours, ils ont quelque chose dans les yeux qui n’est pas pareil, on dirait qu’ils aimeraient être invisibles, être ailleurs. Mais ils sont ici.” (Du rêve pour les Oufs 7). La jeune fille fait référence ici à tous les immigrés qui vivent en France. Elle éprouve un sentiment d’appartenance au groupe d’immigrés et même si elle a vécu la plupart de sa vie en France, elle ne se sent pas française. Même le titre du livre communique ces idées: en effet, “Oufs" est le verlan de “fous” et donc le titre du livre veut dire “Du rêve pour les fous”. Dans ce cas les fous sont tous ceux qui comme Ahlème et Foued ont des rêves que ne se sont pas réalisés à cause de l’aliénation dont ils sont victimes dans la société française.

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Ce qui est très interessant dans ce livre ne sont pas seulement les difficultés d’intégration d’Ahlème dans la société française, mais aussi la représentation de ce que signifie être sans racines. En effet, dans un des dernières chapitres du roman, Ahlème nous raconte son voyage en Algérie. Elle decide d’y aller rendre visite à sa famille avec son père et son frère Foued qui n’a pas été en Algérie depuis qu’il était bébé. Mais quand elle arrive au Maghreb elle nous dit: “ J’avais tellement peur de ne plus rien avoir à partager avec les miens, je craignais que la France m’ait tamponnée au point de me sentir encore plus étrangère là-bas” (Du Rêve pour les Oufs 142). Ahlème a peur de ne pas se sentir à l’aise en Algérie et en effet peu après elle dit “ J’ai du mal à l’admettre, mais en réalité ma place n’est pas ici non plus” (Du Rêve pour les Oufs 145). La jeune fille appartient au groupe d’immigrés en France et donc ne se sent pas complètement française et intégrée, mais en Algérie elle se sent étrangère aussi. Ahlème est un exemple parfait de ce que veut dire être déracinée. Cependant, elle sait qu’elle a une meilleure vie en France et en

effet elle nous dit: “Même si la France n’est pas ce qu’ils croient, on n’y est pas si mal, parce que ici, c’est peut-être pire en fait” (Du Rêve pour les Oufs 147).

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Mais en revenant aux difficultés auxquelles la deuxième génération fait face tous les jours, Ahlème nous donne un exemple qu’on pourrait lier à ce qui passe avec Doria dans Kiffe Kiffe Demain. Le frère d’Ahlème, Foued, est un garçon un peu troublé mais qui a beaucoup de rêves. Il aimerait suivre une formation en sport-études pour jouer du football parce que c’est sa passion depuis toujours. Malheureusement il est exclu de son lycée et sa conseillère lui dit qu’il ne doit pas rêver parce que c’est irréaliste et qu’elle ne pouvait rien faire pour l’aider parce que tout le monde ne peut devenir Zidane (cette référence est au jouer de football d’origine algérienne très célèbre Zinedine Zidane). Selon elle, Foued devrait suivre une formation technique d’électricité ou de mécanique (Du Rêve pour les Oufs 129). On voit donc comment le système d’education français pratique la discrimination contre les jeunes de la deuxième génération seulement parce qu’ils sont considérés une génération sans aspirations et rêves. Foued, comme Doria, a été exclu du système scolaire supérieur parce que quelqu'un d’autre a censuré ses rêves à l’avance.

Un homme Ca ne pleure pas

Dans les romans analysés jusqu’à maintenant, Faïza Guène nous a montré les difficultés de la vie dans les banlieues françaises pour les jeunes de la seconde génération. Mais ces difficultés ne s’arrêtent pas à la banlieue. En effet, ces jeunes, même quand ils sortent de la banlieue, ils se sentent écartelés entre deux cultures. Dans le troisième et dernier roman qu’on va analyser, Un homme ça ne pleure pas, Faïza Guène parle du thème de l’héritage familial et comment cet héritage peut devenir un problème pour la deuxième génération française. En plus,

l’écrivaine questionne aussi la liberté associée à l’héritage familial. Le livre est raconté du point de vue de Mourad Chennoun, un jeune né à Nice des parents algériens. En plus, il a deux soeurs, Mina et Dounia. Mourad nous raconte l’histoire de sa famille et les différentes trajectoires de ses membres, surtout de ses deux soeurs. Le livre nous montre que ce n’est pas facile d’être français quand on a des origines algériennes parce qu’il y a beaucoup de différences entre les pays du Maghreb et la France.

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Pour entendre mieux ce que l’héritage familial signifie pour la deuxième génération française on va analyser les deux soeurs de la famille Chennoun, Mina et Dounia, et les différentes trajectoires de vie qu’elles ont décidé de poursuivre. D’abord c’est important à dire que la famille Chennoun, comme beaucoup de familles issues de l’immigration, est une famille qui dans la société française doit adapter leur propre culture traditionnelle avec la culture moderne française et ce n’est pas toujours facile. Les parents de Mourad, Mina et Dounia sont plus liées à leur culture algérienne qu’à la culture française et veulent que leur trois enfants n’oublient pas leur culture d’origine, même s’ils sont nées en France. Donc Mourad, Mina et Dounia doivent équilibrer leur choix de vie avec leur héritage familial, c’est à dire ils doivent s’intégrer dans la culture française parce ils sont Français, mais au même temps, ils doivent maintenir leur culture algérienne pour ne pas décevoir leurs parents.

Comme beaucoup de jeunes de cette génération, Mina, Dounia et Mourad réagissent différemment quand ils sont obligés de choisir entre leur héritage familial et leur propre voie dans la vie. D’un côté il y a Mina qui décide de ne pas faire des études, de se marier avec quelqu’un de sa communauté et d’avoir des enfants très jeune tout en restant près de ses parents. Mina donc représente la tradition algérienne et pour cette raison c’ est la fille préférée dans la famille. Au sujet de Mina Mourad nous dit: “Le moins que l’on puisse dire au sujet de Mina, c’est qu’elle avait choisi d’emprunter une route différente de celle de Dounia. Je la soupçonne d’avoir vécu avec la crainte de décevoir nos parents à son tour. Pour elle, la famille, c'est sacré” (Un homme ça ne pleure pas 32). Donc Mina ne sent pas le besoin de s’intégrer parce qu’elle valorise l’héritage familial de sa famille algérienne beaucoup plus que s’intégrer dans la société française.

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D’un autre côté, il y a Dounia qui rompe la cohésion de sa famille pour faire ce qu’elle veut avec sa vie et pas ce que veulent ses parents. Dounia refuse le mariage, quitte sa famille et étudie pour devenir avocate et femme politique. Elle devient le symbole de l’intégration et l’émancipation (Harzoune). Dounia devient très impliquée dans la politique, surtout pour ses campagnes féministes organisées par l’association “Fières et pas connes” que Dounia dirige. À propos de ça Mourad dit: “ Dounia plaît parce qu’elle symbolise ce que la République fabrique de mieux: une réussite accidentelle” (Un homme ça ne pleure pas 69). Mourad utilise du sarcasme pour dire que l’intégration des immigrés et seulement apprécié en France quand il y a une rupture complète avec la culture d’origine, comme dans le cas de Dounia qui a laissé sa famille et n’en parle de manière negative dans des articles des journaux. Mourad ajoute aussi: “Ça laisse donc supposer que les autres, une vraie bande de fainéants, bien au chaud, n’ont pas tellement envie de réussir dans la vie” (Un homme ça ne pleure pas 69). Mourad critique Dounia pas parce qu’elle s’est forgé sa propre vie, mais parce qu’elle a oublié une partie de soi-même et des siens en rompant toutes les liaisons avec sa famille et sa communauté.

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En effet, Mourad partage les mêmes aspirations de Dounia: il veut aussi se forger son propre destin, mais il adopte une attitude différente. Il se rend compte que ses parents ne peuvent pas changer leur mentalité, mais il sait aussi qu’ils ont de bonnes intentions et que les refuser n’est pas la meilleure choix moralement. Solitaire et plein de frustrations et d’angoisse, Mourad s’est refugié dans les études et les livres et est devenu professeur de français dans le college de Montreuil. Donc Mourad a opté pour l’intégration dans la société française, et, contrairement à Dounia, il n’a jamais nié son héritage familial. Généralement on pourrait dire que le roman Un homme ça ne pleure pas nous montre les difficultés que les jeunes de la deuxième génération confrontent venant des familles dont les principes ne sont pas liés aux valeurs de la République française.

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Pour conclure, un autre élément important à analyser c’est le fait que le protagoniste de ce roman est un homme et qu’il parle pour ses soeurs dans l’histoire. Cet element est important parce que nous aide à comprendre mieux les problèmes liés à l’égalité des sexes dans les banlieues. En premier lieu, on peut dire que Mourad sympathise avec ses soeurs, surtout avec Dounia. Il comprend le pourquoi elle a décidé abandonner la famille. Ce qu’il ne partage pas avec Dounia est la choix de s’éloigner complètement de son patrimoine culturel. Mourad, comme Dounia, veut s’intégrer dans la société française et donc il a toujours compris les décisions de Dounia. En même temps, Mourad sympathise aussi avec la choix de Mina de suivre un parcours de vie plus traditionnel. Donc, généralement, Mourad a un point de vue très objectif et très moderne, mais il nous fait entendre clairement que ses parents sont plus traditionnels et donc ils ne comprennent pas la choix de Dounia. En effet, le point de vue de Mourad nous montre que les soeurs sont traité différemment par les parents: ils veulent que Dounia se marie et qu’elle ait des enfants, tandis qu’ils ne s’attendent pas que Mourad se marie. Donc, généralement, le point de vue masculin pourrait symboliser le fait que les hommes de la seconde

génération française ont plus de libertés que les femmes.. C’est à dire, les femmes de la seconde génération qui viennent des familles dont les principes ne sont pas liés aux valeurs de la République française ont encore plus de difficultés à s’intégrer dans la société par rapport aux hommes.

Les trois romans: la réalité des banlieues

Dans les trois romans qu’on vient d’analyser Faïza Guène nous donne une vision très claire de la vie de la seconde génération française dans les banlieues. En lisant les romans, on se rend compte que les personnages sont tous différents, mais en même temps très similaires. Doria, Ahlème, Foued, Mourad, Dounia et Mina font tous partie de la seconde génération française. Les romans nous racontent leur difficultés, leur aspirations, leur espoirs et leur déceptions. Guène nous donne une perspective différente - plus intime et détaillée - de ses personnages parce qu’elle base leurs expériences sur sa propre vie dans la banlieue. Même si les personnages sont fictives, on pourrait bien imaginer qu’ils sont inspirés des personnes réelles que l’écrivaine a connu en grandissant dans la banlieue. Donc les histoires de nos personnages sont des représentations véritables de la vie de beaucoup de jeunes dans les banlieue françaises. En effet, dans une entrevue très récente, l’écrivaine a dit que dans ses romans elle ne raconte pas l’histoire de l’Algérie ou l’histoire de l’immigration, elle raconte l’histoire française. Elle dit que l’histoire des jeunes de la seconde génération n’est pas seulement un supplément à l’histoire française, c’est la vrai histoire française (La Grande Librairie). Donc ce qu’elle veut montrer à travers ses romans c’est l’histoire d’une génération de Français dont elle en fait partie et qu’elle connait très bien.

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Ces histoires nous montrent une réalité inquiétante dans la société française. Il y a en effet beaucoup de problèmes d’intégration pour les jeunes de la deuxième génération. Ces problèmes sont surtout liés à l’aliénation sociale causée par l’isolation géographique des banlieues et par la stigmatisation de ses habitants. Par exemple, on voit dans les romans que l’exclusion sociale des jeunes de la seconde génération commence très précocement dans le système scolaire. Dans Kiffe Kiffe Demain Doria ne veut pas laisser le collège pour devenir coiffeuse, mais elle n’a pas d’autre choix. La même chose arrive avec Foued qui rêve une formation en sport-études à l’université après le collège dans Du rêve pour les oufs: en effet sa conseillère lui dit qu’il doit laisser son lycée et qu’il devrait suivre une formation technique d’électricité ou de mécanique. Ces deux exemples nous montrent qu’avoir des rêves c’est pas facile pour ces jeunes qui doivent s’adapter à suivre des carrières subalternes qu’ils n’ont pas choisi. Donc le système scolaire français sous-estime les capacités des ces jeunes seulement parce qu’ils sont issus de l’immigration et vivent dans les banlieues. En liant ces exemples à l’actualité, selon des données 20% des jeunes de la deuxième génération en France n’obtiennent pas le brevet des collèges et 32% quittent l’enseignement secondaire sans aucune diplôme (François).

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Cependant, Guène nous montre aussi un côté différent de ce sujet dans le roman Un homme ça ne pleure pas. En effet, les deux personnages Mourad et Dounia sont allés à l’université parce que Mourad est professeur, tandis que Dounia est avocate. Donc ils ont étudié ce qu’ils ont choisi, mais ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas des difficultés à s’intégrer dans la société française. L’aliénation sociale n’est pas seulement liée à l’éducation. Faïza Guène, à travers l’histoire de Mourad, Dounia et Mina nous montre un autre problème typique des jeunes de la seconde génération, c’est à dire la difficulté d’avoir un équilibre entre l’héritage familial et l’intégration dans la société française. Dans les familles les plus traditionalistes, les jeunes de la deuxième génération sont plus limités et quelquefois ils doivent s’émanciper pour s’intégrer dans la société française. Un exemple de cela est Dounia qui veut travailler comme femme politique et ne veut pas se marier et avoir des enfants. Pour pouvoir suivre ses rêves Dounia doit quitter sa famille et faire des sacrifices personnelles. Par contre, sa soeur Mina suit la trajectoire traditionnelle, se marie avec un homme d’origine maghrébine et vit dans la banlieue près de ses parents. Donc Dounia choisit l’intégration dans la société française, tandis que Mina choisit son héritage familial. Le roman nous démontre que c’est difficile trouver un équilibre entre les deux.

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Beaucoup de jeunes, comme Dounia et Mina, doivent choisir entre maintenir l’héritage familial ou l’abandonner pour se conformer avec les valeurs de la République française. Toutefois, souvent beaucoup de jeunes n’ont pas de choix. Ahlème dans Du rêve pour les oufs doit travailler pour prendre soin de son frère et de son père qui est malade. Même si elle voudrait quitter la banlieue pour chercher une vie meilleure, elle ne peut pas parce qu’elle a des responsabilités. Beaucoup de familles dans les banlieues sont limitées économiquement et donc c’est très difficile d’y en sortir. Un autre exemple est celui de Doria dans Kiffe Kiffe Demain. Doria vit avec sa mère parce que son père les a abandonnées. La mère de Doria doit apprendre à lire et écrire pour trouver un meilleur travail et maintenir la famille. Doria se sent responsable pour leur situation économique et cherche un travail comme baby-sitter pour gagner de l’argent et aider à sa mère.

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Les difficultés économiques d’Ahlème et Doria représentent un problème très grande dans les banlieues françaises: la pauvreté. En effet, beaucoup de familles issues de l’immigration vivent en-dessous du seuil de pauvreté (Russel). Beaucoup de jeunes doivent travailler depuis qu’ils sont des adolescents et beaucoup d’autres s’impliquent dans des activités illégales pour gagner de l’argent. Par exemple, Foued, le frère d’Ahlème, veut gagner de l’argent et commence à fréquenter les trafiquants plus âgés de son quartier. Le chômage dans ces quartiers n’aide pas la situation: les jeunes sont les premiers à être touchés par le chômage et généralement la moyenne des personnes sans travail dans les banlieues est toujours supérieure à la moyenne nationale (Russel). Il y a dans les banlieues presque 4,8 millions de personnes qui constitue le 7% de la population française. Presque 80% des habitants vivent dans logements sociales et le pourcentage de chômage des jeunes dépasse le 40% (Team Mouv). Donc il n’y a pas beaucoup d’opportunités dans les banlieues et c’est très difficile pour les jeunes de la deuxième génération d’y en sortir.

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La situation précaire des banlieues rend ces quartiers plus vulnérables. En effet, si on pense à la crise du Covid-19, on peut imaginer que cette crise a surtout touché aux jeunes des quartiers banlieusards. Toute la jeunesse française a été touchée par la crise économique et la crise du Covid-19, mais les jeunes qui vivent dans les banlieues sont les plus affectés. La motivation est simple: beaucoup de jeunes ont perdu leurs emplois et maintenant avec la crise ce n’est pas facile trouver des postes stables. Généralement dans ces quartiers le revenu moyen est bas et même s’ils trouvent des emplois, souvent l’argent gagné n’est pas suffisant (Morenne).

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Pour conclure, les trois romans de Faïza Guène peuvent être considérés la voix des jeunes des quartiers populaires. Ses romans nous racontent une réalité de la France que beaucoup de personnes ne connaissent pas. Elle analyse et décrit dans ses histoires toutes les petites choses de la vie quotidienne des jeunes de la seconde génération française dans les banlieues. Elle base ses romans sur ses expériences de vie personnelle et donc il y a une perspective intime et véritable basée sur la réalité qu’elle même a connue. Par exemple, dans une entrevue elle a constaté: “Mon ambition est de faire des romans populaires au sens noble du terme, c’est-à-dire des romans dont les héros sont des gens ordinaires”(Citron). En effet, souvent les informations sur les banlieues sont écrites par les journalistes et les personnes qui n’ont jamais vécu dans ces quartiers et donc il y a beaucoup de fausses idées. sur la vie des gens qui y habitent. Guène va au-delà des stéréotypes qu’il y a des banlieues et les banlieusards et nous montre les gens qui y habitent ont des difficultés, des aspirations, des espoirs et des déceptions comme tout le monde. Tous les personnages qu’on a connu dans les romans de Guène sont caractérisés par la difficulté de se sentir pleinement intégré et accepté dans la société française. Ils se sentent souvent sans racines et sans beaucoup d’espoirs. En même temps, Faïza Guène, à travers ses romans, veut donner de l’espoir aux jeunes de la seconde génération en démontrant qu’il est possible d’améliorer sa vie et en effet elle sa vie est un exemple. Elle veut communiquer que personne ne devrait pas avoir honte de ses propres origines et que ça ne devrait pas être quelque chose qui empêche l’integration dans la société française.

Bibliographie

Sources Primaires

Guène, Faïza. Du Rêve pour les Oufs. Paris: Hachette Littératures, 2006.

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—-. Kiffe Kiffe Demain. Paris: Fayard, 2004. Piment. 


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—-. Un homme ça ne pleure. Paris: Fayard, 2014.

Sources Secondaires

Ageron, Charles-Robert. “L'immigration Maghrébine En France: Un Survol Historique.” Vingtième Siècle. Revue D'histoire, no. 7, 1985, pp. 59–70. JSTOR, www.jstor.org/stable/ 3769934. Accessed 1 Oct. 2020.

Citron, Jérôme. “Faïza Guène: ‘Mes Héros Sont Des Gens Ordinaires’ “. Cfdt. Fev. 27, 2020. https://www.cfdt.fr/portail/actualites/-interview-faiza-guene-mes-heros-sont-des-gens- ordinaires-srv1_252254. Accessed Dec 8, 2020.

    

Dendeoune, Nadir. “Faïza Guène, écrivain à part et entière.” 16 avril, 2014. Jeune Afrique.https://www.jeuneafrique.com/133739/societe/faeza-gu-ne-crivain-part-et-enti-re/. Accessed 1 Oct, 2020.

De Wenden, Catherine. “Seconde génération: le cas français”. Musulmans de France et D’Europe. 21 Juin, 2013. CNRS Éditions, Paris. Pp 7-19. https://books.openedition.org/ editionscnrs/2867?lang=en.

François, Jean-Baptiste.«La difficile intégration des immigrés de la deuxième génération» La Croix. Jan 8, 2016. https://www.la-croix.com/Actualite/France/La-difficile-integration-des- immigres-de-la-deuxieme-generation-2016-01-08-1401825. Accessed Nov 25, 2020.

La Grande Librairie. “ Faïza Guène: portrait d’une famille française”. Sept 24, 2020. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=B7quEO5YZSg. Accesses Dec 8, 2020. 


Morenne, Benoît. « In France, the Young Lose Their Jobs to Coronavirus». The Wall Street Journal. Aug 31, 2020. https://www.wsj.com/articles/in-france-the-young-lose-their-jobs-to- coronavirus-11598888747. Accessed Nov 30, 2020. 


Mustapha Harzoune. « Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas ». Hommes & migrations, 2014. https://journals.openedition.org/hommesmigrations/2826. Accessed 3 Nov, 2020.

     

Peralva, Angelina. « Violence de banlieue et politisation juvénile ». Cultures & Conflits, 2005. http://journals.openedition.org/conflits/451. Accessed Nov 3, 2020. 


Russel, Géraldine.«Dans quelle situation économique se trouvent nos banlieues». Le Figaro. Oct 27, 2015. https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/ 2015/10/27/29006-20151027ARTFIG00003-dans-quelle-situation-economique-se-trouvent- nos-banlieues.php. Accessed Nov 25, 2020.

Team Mouv. «Covid-19: Les banlieues sont-elle stigmatisées?».Radio France. Avr 8, 2020. https://www.mouv.fr/nation/societe/covid-19-les-banlieues-sont-elles-stigmatisees-359437. Accessed Nov 30, 2020.

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Alexandra Russillo Caraman '22

Alexandra is an International student from Italy currently enrolled in her third year at Manhattanville. She double majoring in Global and International Studies and French Studies with a minor in Spanish. She always been passionate about foreign languages and this passion has led her to be curious about the world, its cultures, its traditions and all the different aspects of our globalized society. As Nelson Mandela once said “If you talk to a man in a language he understands, that goes to his head. If you talk to him in his language, that goes to his heart.”. Languages improve one's own personal growth and if there is anything Alexandra could recommend to anyone is to learn a new language.

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